Accompagnés de Johanni Curtet
—
CD disponible au concert et dans le commerce
Tserendavaa & Tsogtgerel, Chants diphoniques de l’Altaï mongol
1 CD 16 titres audio + DVD bonus 9 titres en concert au festival Les Orientales 06
éd. 2008, Buda Musique, coll. Musiques du Monde, Paris
Production et tour : Routes Nomades
La musique traditionnelle de Mongolie, d’une richesse vocale incroyable, est transmise chez les nomades de génération en génération par la voie orale. C’est ce que Tserendavaa a réalisé avec son fils Tsogtgerel.
C’est au pied du Mont Jargalant Altaï, dans l’Ouest de la Mongolie, à Chandman, que se perpétue l’art du khöömii. Tserendavaa est l’un des grands maîtres actuels de cette technique vocale. Pour nous emmener en voyage à travers la musicalité de leur région, ils interprètent aussi des chants longs urtyn duu, des chants de louanges magtaal, le sifflement isgeree, en s’accompagnant de leurs vièles morin khuur, ekel et luths tovshuur. Johanni Curtet, élève de Tserendavaa, les accompagne en diphonie au cours du concert.
Références :
Festival Les Orientales, festival Les Escales, festival Le Rêve de l’Aborigène, Semaine de la Mongolie en Flandres, Musée des Arts Asiatiques de Nice, Palais des Congrès et de la Culture du Mans, Cité des Arts de Chambéry, L’Espal…
Genèse du projet
En 2004, Johanni se rend pour la première fois en Mongolie pour apprendre le khöömii et débuter ses recherches ethnomusicologiques. Sa rencontre avec Tserendavaa, qui devient son professeur, est déterminante. Au fil d’une discussion avec le maître, ce dernier exprime le souhait que son fils Tsogtgerel, alors adolescent, apprenne le métier de la scène. Johanni décide alors de créer Routes Nomades en leur offrant un espace pour développer cette envie. Ainsi Tsogtgerel est invité avec son père pour la première fois en dehors de la Mongolie pour une belle tournée d’été 2006. Depuis ce temps, ils reviennent à de nombreuses reprises, jusqu’à ce que Tsogtgerel, tout jeune virtuose qu’il est, prenne la relève en soliste.
Biographies
Né une année du mouton en 1954 à Chandman dans la province de Khovd, Tserendavaa Dashdorj est l’un des rares diphoneurs à avoir conservé un mode de vie nomade et une pratique professionnelle du khöömii. Son apprentissage a commencé à l’âge de six ans dans le cadre pastoral par l’imitation de son entourage. Ses nombreux modèles ont été notamment Tsedee, Makhanchuluun, Olmiibat, Margat et Sundui. En tant qu’éleveur, son cheptel se compose de chevaux, chameaux, chèvres, moutons, vaches et yacks. Il a démarré sa carrière de diphoneur professionnel à l’âge de vingt-quatre ans. Depuis les années 1980, il joue dans le monde entier (USA, Grande-Bretagne, France, Portugal, Russie, Japon).
Parmi d’autres diphoneurs (comme Sengedorj et Odsüren), Tserendavaa a été l’un des principaux acteurs et accélérateur du développement que le khöömii a connu en Mongolie sous la période soviétique. Il pratique sept types de khöömii : uruuliin khöömii (khöömii de lèvres), tagnain khöömii (khöömii de palais), bagalzuuriin khöömii (khöömii de gorge), khamriin khöömii (khöömii nasalisé), tseejni khondiin khöömii (khöömii de poitrine), khargia khöömii (khöömii profond) et son style personnel, khosmoljin khöömii (khöömii combiné). Tserendavaa s’accompagne du luth tovshuur, de la vièle cheval morin khuur et de la vièle ekel.
Il transmet sa tradition à ses enfants, aux nomades de sa région, ainsi qu’à de nombreux étrangers de passage. Il transmet le khöömii principalement à deux de ses enfants : Tsogtgerel et Khasha-Erdene ; mais aussi aux habitants de Chandman et de nombreux étrangers de passage.
Discographie
- Musique et chants de tradition populaire Mongolie (various artists) (Grem G7511, Saint Mandé : Grem, coll. Discovering the World Through Sounds, 1986)
- Mongolia. Living music of the steppes, instrumental music and song from Mongolia (MCM 3001, Multicultural Media, JVC, 1997)
- Jargalant Altai. Xoomii and other vocal and instrumental music from Mongolia (Pan 2050CD, Leiden : Pan Records, Ethnic Series, 1996)
- Chandman’Song « traditionnal Mongolian melodies sung in Khoomii (overtone singing) » (TS001, Londres : Amina Records, 2000)
- Music and song of Mongolia. Live at Cambridge, England (various artists) (cassette Global Arts GA1, 5 août 1988)
- Music from Mongolia, Live at the Asia Society, New York, USA (various artists) (cassette, 7 octobre 1987)
- Mongol Music (various artists), cassette de la radio mongole
- Tserendavaa et Tsogtgerel : Chant diphonique de l’Altaï mongol (RN01, Coulaines : Routes Nomades, tirage épuisé, limité à 400 exemplaires, 2006)
- Tserendavaa & Tsogtgerel, chants diphoniques de l’Altaï mongol (3017742, Paris : Buda Musique, coll. Musiques du monde, 2008)
- Dörvön Berkh, Four Shagai Bones, Masters of Mongolian Overtone Singing (PAN 2100, Leiden : Pan Records, Ethnic Series, 2010)
Né en 1990 une année du cheval à Chandman, c’est dans le cadre de la vie pastorale de l’Altaï que Tsogtgerel reçoit l’enseignement de son père Tserendavaa par l’écoute, l’imprégnation et l’imitation. Tsogtgerel commence son apprentissage du khöömii à l’âge de 13 ans.
Nomadisant 5 à 6 fois par an entre le Mont Jargalant Altaï et le lac Khar Nuur, c’est en gardant le cheptel familial que Tsogtgerel maîtrise rapidement les techniques de chants diphoniques de son père. Dès l’âge de 16 ans, reconnu jeune virtuose par sa communauté, sa famille l’envoie à l’Université d’Art et de Culture d’Ulaanbaatar apprendre le khöömii avec un autre maître, Odsüren Baatar. Tserendavaa souhaitait que son fils aille au-delà de son enseignement pour enrichir sa pratique, mais surtout obtenir un diplôme de diphoneur professionnel pour lui assurer une belle carrière.
Tsogtgerel est aussi joueur de vièle morin khuur, des flûtes limbe, tsuur et des guimbardes. Il apprend d’abord la vièle avec son père, puis avec Duvshin, l’un des derniers professeurs de cet instrument à avoir conservé le style de jeu de l’Ouest de la Mongolie. Tsogtgerel travaille actuellement comme diphoneur dans l’ensemble académique national de musique et de danse au Théâtre Dramatique d’Ulaanbaatar. Malgré son intense activité de soliste, il est invité régulièrement en Mongolie-Intérieure (Chine) pour enseigner le khöömii.
Johanni Curtet est musicien, diphoneur et ethnomusicologue.
Il a appris la guitare classique auprès de Jean-Loup Gautret (école de musique de La Flèche) et Hervé Merlin (Conservatoire de Rennes) tout en se formant à la musique de chambre avec le quatuor de guitare Merienda. Suite à cela, il se tourne vers des pratiques musicales relevant de l’oralité, influençant son jeu entre l’Asie et l’Afrique.
Pendant 10 ans, Johanni se plonge dans l’apprentissage de la musicologie et de l’ethnomusicologie à l’Université Rennes 2, et se spécialise dans le khöömii (chant diphonique mongol). Depuis 2004, il est lauréat de plusieurs bourses (Egide, Fondation Internationale Nadia et Lili Boulanger, Aires Culturelles, Collège Doctoral International de Bretagne, American Center for Mongolian Studies, Aide au terrain de la Société Française d’Ethnomusicologie) qui lui permettent d’effectuer ses recherches en Mongolie et d’apprendre la langue et la culture mongoles. Formé d’abord par Trân Quang Hai, son apprentissage traditionnel vient du maître Tserendavaa Dashdorj dans les steppes montagneuses de l’Altaï, et d’Odsüren Baatar à l’Université d’Art et de Culture d’Ulaanbaatar.
Directeur artistique de l’association Routes Nomades, il organise et produit des tournées de chant diphonique mongol, et accompagne son maître Tserendavaa et son fils Tsogtgerel sur scène dans de nombreux festivals.
Son influence africaine lui vient d’un long séjour au Cameroun. En participant comme formateur et organisateur aux deux premières éditions de Voix du Sahel à Garoua, Cameroun et à N’Djamena, Tchad (programme transsaharien Azalaï initié par Culturesfrance), il partage la musique aux côtés de Camel Zekri, Yacouba Moumouni, Alpha Barry, Mounira Mitchala, mais aussi de nombreux musiciens locaux camerounais (Équipe du Sud, Douala, griots du Nord Cameroun) et tchadiens.
Ce croisement des cultures se synthétise dans les compositions de Meïkhâneh, avec qui il continue de se former en se rapprochant d’une influence majeure, celle de Thierry Robin, grâce à deux master classes organisées avec lui par DROM en 2013 et 2014.
Johanni a enseigné le khöömii à l’Université Rennes 2, au Théâtre de la Ville, pour la Kreiz Breizh Akademi (DROM), dans des festivals comme Les Orientales ou Les Suds à Arles, ou encore au C.P.F.I. ; et continue de le transmettre à la Philharmonie de Paris (ex Cité de la musique), pour diverses associations et groupes de diphoneurs amateurs (Tortue Écarlate) ou en cours particuliers à Rennes.
Ses recherches sur le khöömii mongol sont accessibles à travers des écrits : notamment une thèse de doctorat intitulée La transmission du höömij, un art du timbre vocal : ethnomusicologie et histoire du chant diphonique mongol (Université Rennes 2), et quelques articles universitaires. En 2010, à la demande de la commission nationale de la Mongolie pour l’UNESCO, il a participé à la réalisation du dossier de candidature du khöömii pour son inscription sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité à l’UNESCO.