Johanni Curtet est compositeur, musicien, diphoneur et ethnomusicologue.

Il a appris la guitare classique auprès de Jean-Loup Gautret (école de musique de La Flèche) et Hervé Merlin (Conservatoire de Rennes) tout en se formant à la musique de chambre avec le quatuor de guitare Merienda. Suite à cela, il se tourne vers des pratiques musicales relevant de l’oralité, influençant son jeu entre l’Asie et l’Afrique. Pendant 10 ans, Johanni se plonge dans l’apprentissage de la musicologie et de l’ethnomusicologie à l’Université Rennes 2, et se spécialise dans le khöömii (chant diphonique mongol). Depuis 2004, il est lauréat de plusieurs bourses (Egide, Fondation Internationale Nadia et Lili Boulanger, Aires Culturelles, Collège Doctoral International de Bretagne, American Center for Mongolian Studies, Aide au terrain de la Société Française d’Ethnomusicologie) qui lui permettent d’effectuer ses recherches en Mongolie et d’apprendre la langue et la culture mongoles. Formé d’abord par Trân Quang Hai, son apprentissage traditionnel vient du maître Tserendavaa Dashdorj dans les steppes montagneuses de l’Altaï, et d’Odsuren Baatar à l’Université d’Art et de Culture d’Oulan-Bator.

Directeur artistique de l’association Routes Nomades depuis 2006, il organise et produit des tournées de chant diphonique mongol, et a accompagné son maître Tserendavaa et son fils Tsogtgerel sur scène dans de nombreux festivals. Johanni Curtet assure le conseil artistique de plusieurs projets liés à la Mongolie pour le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, Maroc (2013) ; Théâtre de la Ville-Abesses, Paris (saisons 2009, 2010, 2013) ; Festival Les Orientales de St-Florent-le-Vieil (2006, 2013); Festival Le rêve de l’Aborigène, Airvault (2006 à présent), ou encore le théâtre équestre Zingaro et Bartabas.

Son influence africaine lui vient d’un long séjour au Cameroun. En participant comme formateur et organisateur aux deux premières éditions de Voix du Sahel à Garoua, Cameroun et à N’Djamena, Tchad (programme transsaharien Azalaï initié par Culturesfrance), il partage la musique aux côtés de Camel Zekri, Yacouba Moumouni, Alpha Barry, Mounira Mitchala, mais aussi de nombreux musiciens locaux camerounais (Équipe du Sud à Douala, et les griots du Nord Cameroun) et tchadiens (groupe Tibesti).

Ce croisement des cultures se synthétise dans les compositions de Meïkhâneh, avec qui il continue de se former en se rapprochant d’une influence majeure, celle de Thierry Robin, grâce à deux master classes organisées avec lui par DROM en 2013 et 2014.

En matière de pédagogie, de 2001 à 2005, Johanni commence par enseigner la guitare classique à des enfants et jeunes de 7 à 15 ans. Mais c’est avec le chant diphonique, dans la continuité de son mentor Trân Quang Hai, qu’il développe sa passion pour la transmission. Depuis 2008, il intervient dans l’Atelier Voix du monde pour la Cité de la musique/Philharmonie de Paris avec tout type de public (petite enfance, primaires, collèges lycées, adultes amateurs, chanteurs professionnels, futurs enseignants). À travers les activités de son association Routes Nomades il développe depuis 2006 à présent de nombreuses actions pédagogiques pour faire connaître la culture et la musique mongole au plus grand nombre, seul ou accompagné de nombreux musiciens traditionnels mongols avec des structures diverses (écoles de musique, écoles primaires, conservatoires, maisons d’Opéra, Théâtre de la Ville de Paris, centres culturels, festivals musicaux ou littéraires, etc.). Johanni a enseigné le khöömii à l’Université Rennes 2, au Théâtre de la Ville, pour la Kreiz Breizh Akademi (DROM), l’Académie équestre de Versailles, dans des festivals comme Les Orientales ou Les Suds à Arles, et continue de le transmettre à la Cité de la musique, pour diverses associations et groupes de diphoneurs amateurs (Tortue Écarlate) ou en cours particuliers dans toute la France, notamment pour la chanteuse Camille, et en 2017 aux États-Unis dans les universités de la côte est. Il est invité en résidence pour le programme « UD international artist-in-residence in ‘Healing Arts’ initiative » en février et mars 2020 par l’Université de Delaware à Newark.
Depuis 2021, il fonde et enseigne dans un cursus de khöömii à l’Institut International des Musiques du Monde à Aubagne.

En tant que soliste, il est invité dans divers projets s’intéressant au chant diphonique, comme la création Urbi&Orbi du guitariste Pierrick Lefranc, accompagné par Xavier Dessandre Navarre, Joachim Florent, Sophie Bernardo, Jean Baptiste Henry et Gildas Boclé, créé à L’Espal pour Les Nuits de la Voix en 2013. Ou encore l’Opéra électrique Ève future d’Alain Basso, avec notamment Laura Tejeda et Eric Trémolière, créé à Bonlieu-Scène nationale d’Annecy en 2017.

Ses recherches sur le chant diphonique mongol sont accessibles à travers des écrits : notamment une thèse de doctorat intitulée La transmission du höömij, un art du timbre vocal : ethnomusicologie et histoire du chant diphonique mongol (Université Rennes 2), et quelques articles universitaires. En 2010, à la demande de la commission nationale de la Mongolie pour l’UNESCO, il a participé à la réalisation du dossier de nomination du khöömii pour son inscription sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité à l’UNESCO. Suite à cela, il a produit une première anthologie du chant diphonique mongol, sortie sur le label Buda Musique en janvier 2017. Ce disque a reçu de nombreuses distinctions, dont : Meilleur album 2017 pour l’Asie centrale et de l’est par le Transglobal World Music Chart, Coup de cœurMusiques du monde de l’Académie Charles Cros, ffff Télérama, Top of the world de Songlines, Meilleurs albums 2017 par Le Monde.

En 2023, il compose la bande originale du film « Si seulement je pouvais hiberner » de la réalisatrice Zoljargal Purevdash, premier film mongol sélectionné au Festival de Cannes – Un certain regard. En 2024, il compose la musique du film « Songe » du réalisateur palestinien Rashid Masharawi, à paraître.

Discographie :

  • Tserendavaa & Tsogtgerel, Chants Diphoniques de l’Altaï Mongol, Routes Nomades/Buda Musique, 2008.
  • Dörvön Berkh, Four Shagai Bones, Masters of Mongolian Overtone-Singing, Pan Records/Routes Nomades, 2010.
  • La maison de L’ivresse, Meïkhâneh, Autoproduction, Cas Particuliers, Rennes, 2012.
  • Urbi & Orbi Live / Création autour du chant diphonique, Cie Hic&Nunc, Label ORGO, 2014.
  • La Silencieuse, Meïkhâneh, Buda Musique/Cas Particuliers, 2017.
  • Une Anthologie du khöömii mongol, Routes Nomades / Buda Musique, 2017.
  • Jangar, ensemble Khusugtun, Routes Nomades / Buda Musique, 2020.
  • Pierre Redon & l’Ensemble 9, CHAKRAS & 5 ÉLÉMENTS, Les Sœurs Grées, 2020.
  • Chants du dedans, chants du dehors, Meïkhâneh, Buda Musique / Cas Particuliers 2022.
  • Ögbelerim – Music for my Ancestors, Batsükh Dorj,Routes Nomades / Buda Musique, 2023.

Filmographie 

  • Maîtres de chant diphonique, de J.-F. Castell, Les Films du Rocher/La Curieuse, 53’, (sujet du film) 2010.
  • Voyage en Diphonie, de J.-F. Castell, Les Films du Rocher/A ProPos/Routes Nomades, 70’, (sujet du film) 2018.
  • Si seulement je pouvais hiberner, de P. Zoljargal, Amygdala Films/Urban Factory, (compositeur B.O.) 2023.
  • Songe, de R. Masharawi, Kinana Films/Coorigines production, (compositeur B.O.) 2024.